Nom de l’auteur/autrice :Urban Act' Magazine

Le Juste Debout revient ! Entretien avec Bruce Ykanji

Elle a eu l’effet d’un coup de tonnerre sur les réseaux sociaux pour la communauté hip-hop. Le Juste Debout, la plus grande compétition de danses hip-hop debout, a annoncé son retour sur scène pour le 1er juin 2024 en Allemagne, avant Paris pour 2025. Entretien avec le fondateur, Bruce Ykanji. À l’image d’un Red Bull BC One pour le Breakdance, le Juste Debout, ou plus communément appelé le « JD », est le rendez-vous à ne pas manquer pour les fans et aficionados des danses hip-hop. Créé en 2002 par le danseur et chorégraphe français Bruce Ykanji, le Juste Debout avait pour volonté de promouvoir toutes les disciplines du hip-hop debout, en raison du fait qu’à l’époque, le grand public n’arrivait pas à dissocier le breakdance de la danse se pratiquant debout. Depuis, la compétition a fait du chemin. De la MJC de Champs-sur-Marne (77), jusqu’à Bercy, le succès croissant de l’événement conquiert à chaque édition le public. Après plusieurs années d’absence dû au Covid-19, la compétition revient cette année avec une nouvelle édition, qui aura lieu le 1er juin 2024 à Hambourg, en Allemagne. Urban Act’ magazine : Après 22 ans d’histoire, de passions ainsi que de bons et loyaux services en France, vous vous tournez vers la ville d’Hambourg, en Allemagne, pour fêter le retour du Juste Debout. Pourquoi avoir choisi cette ville pour ce come-back, et non Paris, ou Dubaï, comme pourraient penser certains danseurs ? Bruce Ykanji : La ville de Hambourg a fait appel à nous via notre MC Redchild. Il nous a mis en relation car le Théâtre Kampnagel voulait absolument faire un battle, et ils se sont naturellement tournés vers nous. De plus l’Allemagne et la France, c’est une grande histoire « d’amour » niveau street dance, et ce depuis des décennies. D’ailleurs, les Allemands sont les deuxième plus gros fans, et c’est le pays où notre fanbase est incroyable depuis des années. Il y a aussi les moyens financiers. L’Allemagne nous a ouvert les bras avec des moyens. Et pour relancer la machine, il en fallait. Dubaï ce n’est pas pour demain. Et Paris ce sera en février 2025 à Bercy, on vous tiendra informés. Comment avez-vous pu faire revenir cette compétition après son annulation en 2020 à Bercy ? Était-ce un parcours du combattant pour le réintroduire ? Bruce Ykanji : Nous avons travaillé sur d’autres aspects. Sur l’application mobile Top on the floor qui recense plus de 14 000 danseurs et les résultats de leurs battles dans le monde entier. L’ouverture de la Juste Debout School Industry en 2024/2025 à Porte de Champerret à Paris : une nouvelle école plus axée sur le monde commercial, la musique et l’apprentissage du terrain. Bien entendu, on garde l’autre école, la Juste Debout School CORE dans le 20ème arrondissement de Paris, la maison-mère qui a une vocation plus underground. On a également développé des partenariats avec l’Asie. Mais il est vrai que, ça a été 4 années entières de tunnel émotionnel. Allait-on réussir à relancer la machine ? C’était sans cesse des doutes. Après 4 annulations d’affilée : le JD Abidjan 2019 ; le Battle Opéra, le premier Battle dans l’Opéra Garnier de l’histoire et ces 3 années de travail parties en fumée à cause d’une grève ; le JD 2020, le premier event à avoir été annulé à cause du Covid ; et le JD 2022 à Dubaï, annulé à cause du variant Omicron… Bref, 4 années de cauchemar avec des idées de ouf, qui tombaient à l’eau. Mais le hip-hop est le plus gros des virus. Nous sommes des résistants à tous points de vue. Alors on a résisté, insisté, persisté et le JD Gold a existé. Un pur virus positif qui fait qu’on n’arrêtera jamais. Avec l’expérience on s’est solidifié et nous avons encore plus de projets. Grâce à Dieu. L’année dernière, une édition spéciale en 1 vs 1 : le Juste Debout Gold, a déjà eu lieu au Théâtre Kampnagel d’Hambourg. Avec ce premier aperçu, pensez-vous que la vibe sera plus forte au prochain JD à Hambourg plutôt qu’à Paris ? Bruce Ykanji : La vibe sera différente. Hambourg JD Gold c’était 1500 personnes (sold out en 10 jours en plein mois d’août d’ailleurs…). Là, c’est une autre salle de 5000 places, et ça ressemble à l’ancien Coubertin… on verra. Mais Bercy, reste Bercy, lorsque tu as 17 000 personnes qui gueulent… bah c’est 17 000 quoi… Mais on monte progressivement. Il ne faut pas oublier qu’entre temps il y a eu le Coco (Covid-19) et que les jeunes ne connaissent pas encore toutes et tous le JD, ça va venir progressivement. On va dire que ce sera toujours différent. Au JD Gold on a eu de vrais bons moments de cris, de surprises, et de joies, et pour certains, de peines aussi. C’est le game de cette rencontre. Quelles sont vos attentes pour cette édition 2024 en Allemagne ? Bruce Ykanji : Du fun, du spectacle, de la joie, des rencontres, de la communion, des surprises, de l’inattendu. Et bien sûr une bonne économie pour que ça perdure. L’édition 2024 à Hambourg sera-t-il la première édition du Juste Debout en Allemagne ou bien la compétition sera exportée dans d’autre pays pour ces prochaines éditions ? Bruce Ykanji : On revient au bercail en 2025 à Paris Bercy… fini les voyages pour le JD Classic. En revanche, le format JD Gold sera reproduit dans différents pays selon les demandes. Et on va de plus en plus faire voyager les danseurs et les danseuses avec ce format. C’est différent. Et bien sûr que pour les prochains JD Gold je mettrais 3 juges en Popping, 3 en House, 3 en Hip-hop et 3 en Locking. Et oui il faut qu’on crée de l’emploi et que ce JD Gold obtienne ses lettres de noblesse. Il est déjà très très bien parti. Cette édition a beaucoup fait parler avec plus de 58 millions de vues toutes cumulées. – Christopher Armstrong. Le Juste Debout, la

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Le retour de la Timberland Yellow Boot : vraie ou fausse tendance ?

Depuis plusieurs saisons, un vent de nostalgie souffle sur le monde de la mode, ramenant sur le devant de la scène des pièces emblématiques des décennies passées. Cette année, c’est au tour des mythiques bottines Timberland de faire leur grand retour. Mais ce come-back est-il authentique ou simplement une tendance éphémère ? L’histoire d’une icône Initialement conçues pour les travailleurs en extérieur, les bottines emblématiques de Timberland, l’Icon 6-inch Premium, ou plus connues sous le nom de Yellow Boot, ont rapidement conquis le cœur des amateurs de mode dès leur apparition dans les années 1970. Leur design robuste et leur confort en ont fait un choix populaire pour les aventuriers urbains. Cependant, ce sont surtout les années 1990 qui ont propulsé les Timberland au rang d’icônes de la culture hip-hop. Portées par des artistes emblématiques tels que Notorious B.I.G., Tupac Shakur, Dr. Dre, Jay-Z, ou encore DMX, ces bottines sont devenues un symbole de style et de street credibility. Leur association avec le rap et le hip-hop a contribué à les ancrer dans l’imaginaire collectif comme un incontournable de la garde-robe urbaine. Le retour sur le devant de la scène Après avoir connu un déclin dans les années 2000, les Timberland reviennent cette année sur le devant de la scène. De nombreuses célébrités, sportifs, et influenceurs ont été aperçus arborant fièrement la Yellow Boot lors d’événements publics ou sur les réseaux sociaux… jusqu’à conquérir aujourd’hui la planète mode. Récemment, Pharrell Williams, le directeur créatif Homme de Louis Vuitton, a dévoilé quelques images de la célèbre bottine revisitée par la maison de luxe française. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par @skateboard Le collectif artistique basé à Brooklyn, MSCHF, qui a fait le buzz avec ses grosses bottes rouges inspirées du personnage Astro Boy (Big Red Boot), surfe également sur la tendance avec la sortie prochaine de son nouveau modèle baptisé 2×4 Boot « Wheat ». Inspiré de la Timberland boot, les motifs en relief et les œillets dorés ressemblent d’ailleurs étrangement à ceux de la collab avec Louis Vuitton… Côté campagne publicitaire, c’est le légendaire cinéaste Spike Lee qui a été choisi pour mettre en avant la nouvelle paire.   Un regain d’intérêt pour la marque Timberland, qui s’est également vu sur les podiums de la dernière Fashion Week Homme de Paris. Les défilés Louis Vuitton, avec notamment le rappeur américain Pusha-T, mais également White Mountaineering, ont dévoilé toute une gamme de chaussures en collaboration avec la marque de bottines. Ce retour s’inscrit dans un contexte où la mode vintage et l’esthétique streetwear sont à nouveau très prisées. Les consommateurs recherchent des pièces à la fois intemporelles et chargées d’histoire, ce qui rend les Timberland particulièrement attrayantes. Voir cette publication sur Instagram Une publication partagée par Timberland (@timberland) Vraie ou fausse tendance ? Cependant, certains se demandent si ce retour des Timberland est réellement authentique ou s’il s’agit simplement d’une tendance passagère dictée par les caprices de la mode. Alors que certaines personnes redécouvrent ou renouvellent leur amour pour ces bottines emblématiques, d’autres pensent que cet engouement ne sera qu’éphémère. Son héritage issu de la culture hip-hop, encore ancrée aujourd’hui, aura du mal à conquérir tous les publics. Le modèle étant assez massif, et plutôt masculin, il sera, par ailleurs, moins évident pour les femmes de le porter au quotidien. Le retour des Timberland cette année soulève des questions intéressantes sur la nature de la tendance et de l’authenticité dans le monde de la mode. Que ce soit pour leur héritage dans la culture hip-hop ou leur design intemporel, ces bottines continuent de susciter un vif intérêt auprès des amateurs de mode du monde entier. Reste à savoir si ce retour sera éphémère ou s’il marquera un véritable renouveau pour cette icône indémodable. – N.B.

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NBA : Pourquoi n’y a-t-il plus de Français au All-Star Game ?

  Depuis la dernière participation de Tony Parker au All-Star Game, déjà 5 ans, plus aucun Français n’a joué au match qui oppose les meilleurs joueurs NBA de la conférence Ouest à ceux de l’Est. Mais pour quelles raisons ? Urban Act’ magazine décrypte la situation. « C’est avec une grande émotion que je mets un terme à ma carrière ». Tels ont été les premiers mots de Tony Parker qui a annoncé la nouvelle sur Twitter le 10 juin. Le joueur de basket-ball qu’on ne présente plus, a mis officiellement un terme à une belle et longue carrière, notamment outre-atlantique. Premier Français champion de NBA en 2003 (avec les Spurs de San Antonio), premier Français sélectionné au All-Star Game, premier Français à avoir été 4 fois Champion NBA, premier Français à avoir été sélectionné 6 fois au All-Star Game, Tony Parker est sans aucun doute le joueur français qui a le plus marqué l’histoire de la NBA. Pourtant depuis sa dernière participation au All-Star Game, en 2014, en même temps que Joakim Noah, il n’y a plus de Français qui participent au match des étoiles de la NBA. Mais pour quelles raisons ? La concurrence est-elle devenue trop rude ? Le niveau des Français a-t-il baissé ? « Même si Tony Parker et d’autres joueurs venus d’Europe ont ouvert la porte aux joueurs européens en NBA, ça reste assez compliqué de faire sa place, précise à Urban Act’ magazine, Clément Bennerotte, journaliste chez Parlons Basket. Les Américains sont très patriotes. Ce n’est pas pour rien qu’en NBA il y a énormément de joueurs américains et c’est assez difficile pour les Français de s’élever au plus haut niveau ». Et oui, car il faut le rappeler, la NBA, et donc le All-Star Game, est avant tout un championnat américain. Les joueurs qui évoluent jeunes aux États-Unis, et notamment aux universités américaines, sont majoritairement Américains. Ils ont par la suite plus de chances de se faire recruter en NBA, et plus rapidement, car en plus de suivre une excellente formation sportive, ils intègrent déjà les codes du basket-ball américain. Des joueurs français en NBA, il y en a pourtant. Dix ont évolué dans le championnat américain lors de la saison 2018-2019. Tony Parker et Nicolas Batum à Charlotte, Ian Mahinmi à Washington, Joakim Noah à Memphis, Evan Fournier au Magic d’Orlando, Rudy Gobert chez les Utah Jazz, puis les derniers arrivés : Timothé Luwawu-Cabarrot à Chicago, Guerschon Yabusele à Boston, Élie Okobo à Phoenix, et Frank Ntilikina à New York, qui a d’ailleurs participé au Rising Stars Challenge en 2018, un match qui oppose les meilleurs jeunes Américains aux meilleurs jeunes internationaux pendant le All-Star week-end. Entre une ancienne génération qui a déjà fait ses preuves, et une nouvelle qui a tout à prouver, tout n’est sûrement qu’une question de temps pour qu’on puisse voir de nouveau un Français au All-Star Game. Si cela fait 5 ans qu’il n’y en a plus, c’est à cause d’un changement de génération selon Nikola Vucevic, le pivot des Orlando Magic et All-Star 2019, interviewé par Urban Act’ magazine. « Il y a de bons joueurs en France, ça arrive, c’est juste qu’il y un changement de génération. La dernière fois qu’on a vu Tony et Joakim c’était vers la fin de leur carrière, maintenant il y a beaucoup de jeunes qui arrivent. Il y a Rudy Gobert aussi, qui pour moi méritait d’être au All-Star Game cette année, mais c’est sûr qu’il y sera bientôt. Evan Fournier, peut-être aussi, c’est possible. Mais ça viendra, il faudra un peu de temps afin qu’ils puissent gagner de l’expérience. Après c’est normal, quand t’es jeune, c’est dur d’y arriver, ce n’est pas facile. » C’est difficile, surtout quand on sait que de moins en moins de Français sont draftés en NBA ces dernières années, au profit des Américains. Un seul l’a été en 2018, et en 2019, contrairement à 5 en 2016, et 3 en 2017. Mais cela ne veut presque plus rien dire aujourd’hui. D’une part, car l’arrivée de joueurs Français n’est jamais régulière : il y a des saisons où il peut y en avoir plusieurs, tandis qu’il y en a d’autres où un ou deux seulement sont draftés, voire aucun comme en 2015, mais d’autre part, car d’autres joueurs arrivent à intégrer le championnat américain par d’autres moyens. « Cette année, un seul Français a été drafté (Sekou Doumbouya à Détroit), mais 3 autres ont réussi à trouver une équipe pour la saison prochaine sans passer par la draft, explique Clément Bennerotte, journaliste chez Parlons Basket. Il y a Jaylen Hoard qui va jouer à Portland, qui aurait d’ailleurs pu être drafté car il a fait ses classes aux Etats-Unis, il a joué en NCAA et il a fait partie de l’équipe universitaire américaine. Il y a Vincent Poirier, qui va intégrer les Boston Celtics, et Adam Mokoka à Chicago ». Alors même si la draft est préférable pour évoluer en NBA, d’autres facteurs rentrent ensuite en compte pour qu’un joueur puisse faire ses preuves, jusqu’à faire partie de l’élite et participer au All-Star Game. En dehors du talent, c’est surtout une question de chance, estime le journaliste. « Tony Parker a été drafté extrêmement bas en 2001, personne ne s’attendait à ce qu’il explose comme ça. Il a eu la chance de tomber sur un coach qui lui a laissé sa chance tout de suite, précise-t-il. Je pense que c’est surtout comme ça que les Français peuvent réussir, c’est quand on leur laisse leur chance, et qu’ils réussissent à la saisir et à exploser ». Rudy Gobert, meilleur défenseur Le 24 juin dernier avait lieu la cérémonie des NBA Awards 2019 qui récompense les meilleurs joueurs de la saison régulière dans leur catégorie. L’international français Rudy Gobert a été élu meilleur défenseur pour la deuxième année consécutive. Une belle performance qui laisse présager un avenir solide pour le pivot des Utah Jazz, même s’il n’avait pas été retenu lors du All-Star Game 2019, qui s’est déroulé en février

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Tatouage et rappeurs

Du 3 au 5 mars, la Grande halle de la Villette (Paris) a accueilli la nouvelle édition du Mondial du tatouage. 30 000 visiteurs ont découvert le travail des plus grands tatoueurs, des expos, mais aussi des concerts, exclusivement rock et électro. Pourtant, s’il y a bien un style musical qui aime se prendre au jeu des aiguilles, c’est le rap. Revendicatif, identitaire, ou inspiré des gangs, le tatouage des rappeurs nous en révèle plus qu’on ne le pense. « Thug Life » sur le torse de 2Pac, des larmes au coin de l’œil de Lil Wayne, un crâne sur la main de Seth Gueko, les tatouages font partie de la panoplie des rappeurs. Ils trouvent leur inspiration dans leur propre histoire, leur identité, mais révèlent des similitudes entre eux. Des similitudes qui les différencient des autres courants musicaux. « Dans l’univers du rap et du hip hop, c’est totalement différent. Je le vois au niveau des typographies, à l’époque du rock c’était très gothique. Aujourd’hui on est dans un lettrage beaucoup plus marqué de l’univers du graff, et des tags », explique à Urban Act’ magazine, le rappeur français Sinik, qui a récemment ouvert son propre salon de tatouage à Paris : Watch My Tattoo. Si l’encre et le rap ont pris du temps à s’apprivoiser en France, elles ont pourtant trouvé leur place bien plus tôt aux États-Unis. Une culture américaine… « Il y a de plus en plus de rappeurs français qui se font tatouer, mais il y en a peu qui le sont beaucoup. Les premiers qui me viennent à l’esprit sont Booba et Seth Gueko », constate Sinik. Contrairement aux rappeurs européens, les Américains sont plus nombreux à être tatoués. Les plus connus : Wiz Khalifa, Lil Wayne, 2Pac, Eminem, Soulja Boy, Kid Ink, Kevin Gates, Rick Ross, The Game, Waka Flocka, ou encore Tyga. Tous sont recouverts d’encre, certains ne laissant entrevoir que quelques morceaux de peau. D’autres vont jusqu’à superposer les dessins, ou utiliser le moindre espace pour en rajouter. « Dans le rap américain, le tatouage est plus courant. C’est dans leur culture, affirme Sinik. Leur niveau de tatouage fait partie des meilleurs du monde. Sur le câble, on voit toute sorte d’émission spécialisée, comme Miami Ink. Leurs artistes, leur mode de vie, leurs joueurs de basket ont également contribué à cette culture, c’est pour ça qu’aujourd’hui les Américains ont un temps d’avance sur nous. » Selon Valérie Rolle, sociologue et auteure de l’ouvrage L’art de tatouer, le processus de redéfinition et de réhabilitation de la pratique du tatouage est parti de la côte Est des États-Unis dans les années 1980. « L’arrivée de diplômés d’écoles d’art dans la pratique, le développement d’espaces de rencontre, comme les conventions internationales de tatouage, la diffusion de nouvelles pratiques (sanitaires, iconographiques) et de nouveaux discours sur le tatouage comme forme d’expression de soi, dont la circulation via les magazines de tatouage, ont notamment contribué à la recomposition sociale de la pratique », précise-t-elle à Urban Act’ magazine. Bien que né sur le continent américain, ce processus s’est progressivement enrichi grâce aux échanges entre tatoueurs à l’échelle internationale, dont certains sont localisés en Suisse, aux Pays-Bas ou en France, poursuit la sociologue. L’univers des gangs américains a néanmoins fortement inspiré les tatouages des rappeurs. En dehors du lettrage, qui est tout simplement l’action de marquer avec des lettres, certains symboles sont récurrents dans le milieu du rap. …inspirée des gangs Dans un article publié sur le site américain Hot New Hip Hop, une journaliste détaille la signification des tatouages les plus courants chez les rappeurs en lien avec les gangs. Les crânes ou têtes de mort, par exemple, symboliseraient chez les gangsters un membre haut placé, mais il peut être représentatif, d’une façon plus morbide, d’un assassinat ou d’un acte criminel. Les rappeurs qui portent des crânes n’ont pas forcément commis un meurtre, mais le symbole pourrait renvoyer à une image négative, mortuaire, ou à une période sombre de leur vie. Waka Flocka, qui a recouvert son torse de tatouages, avec des têtes de mort notamment, avait confié au magazine Complex : « Il y a tout un tas de douleurs sur ma poitrine. Quand une personne la voit, elle peut ressentir ma douleur ». 2Pac s’était, lui, fait tatouer un crâne sur le biceps droit surmonté de l’inscription « heartless », qui signifie cruel. En dessous, on peut y lire : « My only fear of death is coming back reincarnated », soit « Ma seule peur de la mort c’est la réincarnation ». Dans le rap français, Seth Gueko est notamment connu pour son bas du crâne tatoué sur la main gauche. « J’aime beaucoup la tête de mort, c’est en plein dans l’univers des tatouages. Je suis un loubard des temps modernes. Et la tête de mort se poursuit depuis les groupes de rock, comme Iron Maiden par exemple, a-t-il expliqué au site web Konbini. J’ai toujours aimé les films d’horreur, les squelettes, les Contes de la Crypte aussi. C’était une manière de se faire une tête de mort, discrète, pouvoir la poser sur le visage pour dire “trop parler peut tuer”, c’est une belle illustration de cette phrase-là. » À l’instar de Lil Wayne, The Game, Birdman, Kevin Gates, Nessbeal, ou Seth Gueko – qui a fait une variante -, certains rappeurs exhibent une larme au coin de l’œil. Symbole par excellence du gangster, la larme peut signifier qu’il a commis un meurtre – le nombre de larmes représentant le nombre de victimes -, qu’il a perdu un membre de son entourage, ou qu’il a été emprisonné. « Tout le monde se fait tatouer une larme sous l’œil, la larme à l’œil, mais moi j’ai l’arme à l’œil avec un flingue sous la paupière », a déclaré Seth Gueko à Konbini. D’autres ont opté pour des ailes d’ange. Selon Hot New Hip Hop, « dans la culture traditionnelle des gangs, elles signifient la “sublimité”. Elles peuvent aussi faire référence à l’ange Gabriel, qui est connu dans la religion

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PNL ou les précurseurs du Cloud Rap français

Véritable phénomène auprès du jeune public, le groupe PNL a rapidement investi la scène rap française. Les deux membres, Ademo et N.O.S. manient un nouveau genre musical, le Sound Cloud. Urban Act’ magazine vous propose de découvrir cet univers assez planant… La première fois que l’acronyme PNL a été utilisé ce fut en 1972 par John Grinder professeur de linguistique et Richard Bandler, psychothérapeute et mathématicien. La PNL, ou Programmation neuro-linguistique est un ensemble de techniques de communication et de transformation de soi qui s’intéresse à nos réactions plutôt qu’aux origines de notre comportement. Le but final de la PNL étant de construire soi-même un modèle de réussite en observant, comprenant et développant des comportements permettant la réussite dans quelconque domaine. Mais depuis le début 2015, l’acronyme possède une nouvelle définition. PNL est désormais plus connu sous le nom de Peace & Lovés (Paix et billets). Il s’agit d’un groupe de rap français composé de Ademo et N.O.S, deux frères issus de Corbeil-Essonnes (91). Le phénomène PNL  C’est en mars 2015 que le groupe français se fait connaître grâce à leur premier EP Que La Famille (QLF). Un projet qui nous plonge directement dans leur univers. Suscitant un véritable intérêt, l’attente fut brève pour avoir le droit à un nouveau projet du groupe. En effet, sept mois plus tard, le 30 octobre, leur premier album Le Monde Chico est disponible, le titre se veut d’ailleurs être une référence explicite au film Scarface. Cependant, il est difficile de retracer le parcours exact du groupe. En ce qui concerne N.O.S, on ne sait pas grand chose de son cheminement jusqu’à la création du groupe, mais son frère Ademo était déjà visible sur la scène rap, notamment aux côtés de Guizmo lors d’un freestyle, quand celui-ci faisait encore parti de l’Entourage. C’est entre 2011 et 2012, que N.O.S. et Ademo commencent à être connus sous le pseudonyme PNL. Il aura fallu attendre trois ans pour une notoriété à grande échelle. Relayé en masse sur les réseaux sociaux, on se demande donc qu’est-ce qui fait l’originalité de PNL, et comment se démarquent-ils de leurs homologues ? De la Trap au Cloud  Même si d’autres s’y sont essayés, on peut dire que Kaaris a apporté la Trap « music » en France avec son album Or Noir (2013). La recette était simple, grosses instrumentales percutantes, un rap saccadé et une simplicité des lyrics. Suite à cela, tous s’y sont mis, de Lacrim à Booba, en passant par Alonzo, mais ce courant a aussi permis à de nouveaux rappeurs de se faire connaître, on pense notamment à Gradur ou bien Niska qui ont explosé les ventes cette année. Bien que la Trap se soit propagée comme un feu de forêt, on sait qu’il ne faut pas abuser des bonnes choses, et on ressent désormais une certaine lassitude à l’écoute de certains morceaux. Au final, on a l’impression d’entendre la même chanson partout. Depuis toujours, les Américains ont influencé le style du rap français, ce qui ne veut pas dire pour autant que nous plagions constamment nos homologues. À l’instar de Kaaris, qui fut l’un des pionniers de la Trap française, PNL, eux, se sont très vite démarqués du courant en adoptant un style encore très peu connu pour certains, le Cloud Rap. Made in US Mais alors, qu’est-ce que le Cloud ? D’après les rumeurs, tout partirait du rappeur californien Lil’ B. En effet, lors d’une interview, il aurait pointé un tableau du doigt ayant pour sujet un château dans le ciel entouré de nuages et aurait déclaré : « Je veux que ma musique ressemble à ça ! ». Pour une première définition, cela reste très flou et vague, et c’est exactement ce qu’est le Cloud rap ! À proprement parlé, il s’agit d’un rap beaucoup plus expérimental où l’on cherche à retranscrire une atmosphère très légère, planante. Comme chaque nouvelle forme d’art émergente, il est difficile de définir précisément tous les critères qui l’entourent, mais il est toujours possible de regrouper les grands axes. Tout d’abord, le rythme de battement par minute (BPM) est très lent, entre 70 et 90, ainsi l’auditeur a le temps de faire attention à chaque élément sonore qui compose l’instrumental, les notes sont parfois rallongées, et certains bruits, étouffés. Pour vous donnez un aperçu, repensez à la manière dont vous entendez le son lorsque vous avez la tête sous l’eau. Voilà, la sonorité typique du Cloud est une sorte de plongée lointaine où nos sens sont brouillés. On ne sait pas vraiment où l’on va et ce que l’on cherche, mais l’on apprécie l’idée de se retrouver dans une sorte de cocon musical. Tournons-nous désormais du côté des rappeurs. On peut remonter l’origine du Cloud vers les années 2000. Hélas, dans une époque où le Gangsta Rap était encore très en vogue (50 Cent, The Game, Jadakiss,… ) le cloud s’est fait discret, et même jusqu’à présent, il reste encore en marge du Rap « classique ». Ce qui ne signifie pas que personne n’en fait ! Les premiers noms que vous pouvez connaître sont Lil’ B ainsi qu’Asap Rocky, mais leurs styles varient tellement qu’il nous est donc impossible de les classer en tant que tête d’affiche du Cloud. Pour cela nous devons nous tourner vers des rappeurs dont le nom vous est probablement inconnu, et c’est bien normal. Comme nous l’avons évoqué plus haut, le Cloud se veut être un espace sans limite, sans codes, sans clivages, accessible à chacun, une sorte d’utopie musicale. Si à ce stade d’analyse vous vous sentez encore perdus, laissez-moi vous donnez les points cardinaux qui vous guideront à mieux comprendre où se situe le Cloud, ce château flottant dans le ciel. On peut tout d’abord évoquer le rappeur Issue. Fils du grand E-40, Issue aurait pu suivre le schéma simpliste du « tel père, tel fils », et pourtant il n’en est rien. « Papa est un grand nom de la scène Old school ? Je vais fonder ma propre école ! », voilà

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Booba, le rappeur français étudié à Harvard

Une carrière très bien menée pour Booba, maintenant installé aux États-Unis et père de famille, il réussit une nouvelle fois à faire son arrivée là où personne ne l’attendait : l’école supérieure d’Harvard. Oui vous ne rêvez pas. Booba sera enseigné à certains étudiants d’Harvard, du moins sa carrière dans un livre intitulé « French Odyssey Supernovas », ou « Les réussite économiques à la française ». La carrière du rappeur y est interprétée et notamment ses stratégies marketing. La question qui se pose désormais : Booba : rappeur ou homme d’affaires ? Après la sortie de son 7ème album, Booba voit une nouvelle fois sa carrière faire un bon en avant. En effet, lors de sa sortie, D.U.C a été classé en tête des téléchargements et 4 morceaux se sont retrouvés au top single occupant la 1ère à la 4ème place, du jamais vu pour un rappeur français. Bien que l’album ait réussi un excellent démarrage, lors de sa deuxième semaine d’exploitation les ventes ont chuté, atteignant difficilement le disque d’or. À l’image de ses derniers projets depuis l’album Futur, les avis des fans de l’ancienne et nouvelle générations sont partagés. Utilisation abusive de l’auto-tune ? Thèmes trop répétitifs? Chacun y voit une critique personnelle. Pourtant le duc n’a pas hésité à mettre toutes les chances de son côté pour la préparation de l’album. B2O a collaboré avec pas moins de 14 beatmakers différents, sur un projet de 19 titres. En ce qui concerne les featurings, le rappeur s’est fait plaisir et a invité des personnalités telles que Jeremih, Future, Mavado, Farruko et surtout Lino. La collaboration avec ce dernier était sûrement l’une des plus attendues. Cela faisait en effet 15 ans que les deux MC’s ne s’étaient pas retrouvés sur la même track depuis le featuring de Lunatic et d’Arsenik pour le titre Sang d’Encre. Temps Mort 2.0. est par ailleurs la meilleure preuve que le Booba « à l’ancienne » est toujours présent, mais comme il le dit lui-même aux côtés de Lino : « Fuck être un lyriciste négro, j’suis là que pour ramener les chèques ». Souvenez-vous, sur le morceau Au bout de mes rêves sorti en 2009, Booba nous annonçait déjà « J’ai jamais su ce qu’était mon rôle dans la vie, à part être riche, avoir une piaule à Miami Bitch ». Objectif atteint. Sûrement au sommet de sa carrière, rappelons que Boulbi en est maintenant à 17 ans de carrière, 7 albums, 5 disques d’or et 4 disques de platine (Panthéon et Lunatic furent certifiés deux fois pour l’or et platine). Derrière le micro se cache également l’homme d’affaire. A la tête de Tallac Records, B2O lance maintenant sa propre relève, sur son label sont présents le groupe 40 000 Gang, Siboy, et Shay. Enfin nous pouvons conclure avec Ünkut, sa marque de street wear qui, selon les dires, aurait un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros ! Ce qui ne signifie en aucun cas que la globalité de cette somme revient au rappeur. À l’image des plus grandes réussites Hip-hop américaines, Booba prouve encore une fois l’étendue de son talent qui ne s’arrête pas au niveau musical. Considéré comme un des meilleurs rappeurs de notre époque dès le début de sa carrière, ce n’est plus seulement pour son écriture que l’on reconnaît le talent de Booba, mais également pour tout le travail accompli depuis toutes ces années en tant qu’artiste et homme d’affaire. Il ne fait plus aucun doute qu’avec cette dernière reconnaissance de la part d’Harvard, Booba voit son nom inscrit au Panthéon des plus grands. – Aaron.  

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