NBA : Pourquoi n’y a-t-il plus de Français au All-Star Game ?

 

Depuis la dernière participation de Tony Parker au All-Star Game, déjà 5 ans, plus aucun Français n’a joué au match qui oppose les meilleurs joueurs NBA de la conférence Ouest à ceux de l’Est. Mais pour quelles raisons ? Urban Act’ magazine décrypte la situation.

« C’est avec une grande émotion que je mets un terme à ma carrière ». Tels ont été les premiers mots de Tony Parker qui a annoncé la nouvelle sur Twitter le 10 juin. Le joueur de basket-ball qu’on ne présente plus, a mis officiellement un terme à une belle et longue carrière, notamment outre-atlantique. Premier Français champion de NBA en 2003 (avec les Spurs de San Antonio), premier Français sélectionné au All-Star Game, premier Français à avoir été 4 fois Champion NBA, premier Français à avoir été sélectionné 6 fois au All-Star Game, Tony Parker est sans aucun doute le joueur français qui a le plus marqué l’histoire de la NBA. Pourtant depuis sa dernière participation au All-Star Game, en 2014, en même temps que Joakim Noah, il n’y a plus de Français qui participent au match des étoiles de la NBA. Mais pour quelles raisons ? La concurrence est-elle devenue trop rude ? Le niveau des Français a-t-il baissé ?

« Même si Tony Parker et d’autres joueurs venus d’Europe ont ouvert la porte aux joueurs européens en NBA, ça reste assez compliqué de faire sa place, précise à Urban Act’ magazine, Clément Bennerotte, journaliste chez Parlons Basket. Les Américains sont très patriotes. Ce n’est pas pour rien qu’en NBA il y a énormément de joueurs américains et c’est assez difficile pour les Français de s’élever au plus haut niveau ».

Et oui, car il faut le rappeler, la NBA, et donc le All-Star Game, est avant tout un championnat américain. Les joueurs qui évoluent jeunes aux États-Unis, et notamment aux universités américaines, sont majoritairement Américains. Ils ont par la suite plus de chances de se faire recruter en NBA, et plus rapidement, car en plus de suivre une excellente formation sportive, ils intègrent déjà les codes du basket-ball américain.

Des joueurs français en NBA, il y en a pourtant. Dix ont évolué dans le championnat américain lors de la saison 2018-2019. Tony Parker et Nicolas Batum à Charlotte, Ian Mahinmi à Washington, Joakim Noah à Memphis, Evan Fournier au Magic d’Orlando, Rudy Gobert chez les Utah Jazz, puis les derniers arrivés : Timothé Luwawu-Cabarrot à Chicago, Guerschon Yabusele à Boston, Élie Okobo à Phoenix, et Frank Ntilikina à New York, qui a d’ailleurs participé au Rising Stars Challenge en 2018, un match qui oppose les meilleurs jeunes Américains aux meilleurs jeunes internationaux pendant le All-Star week-end. Entre une ancienne génération qui a déjà fait ses preuves, et une nouvelle qui a tout à prouver, tout n’est sûrement qu’une question de temps pour qu’on puisse voir de nouveau un Français au All-Star Game.

Si cela fait 5 ans qu’il n’y en a plus, c’est à cause d’un changement de génération selon Nikola Vucevic, le pivot des Orlando Magic et All-Star 2019, interviewé par Urban Act’ magazine. « Il y a de bons joueurs en France, ça arrive, c’est juste qu’il y un changement de génération. La dernière fois qu’on a vu Tony et Joakim c’était vers la fin de leur carrière, maintenant il y a beaucoup de jeunes qui arrivent. Il y a Rudy Gobert aussi, qui pour moi méritait d’être au All-Star Game cette année, mais c’est sûr qu’il y sera bientôt. Evan Fournier, peut-être aussi, c’est possible. Mais ça viendra, il faudra un peu de temps afin qu’ils puissent gagner de l’expérience. Après c’est normal, quand t’es jeune, c’est dur d’y arriver, ce n’est pas facile. »

C’est difficile, surtout quand on sait que de moins en moins de Français sont draftés en NBA ces dernières années, au profit des Américains. Un seul l’a été en 2018, et en 2019, contrairement à 5 en 2016, et 3 en 2017. Mais cela ne veut presque plus rien dire aujourd’hui. D’une part, car l’arrivée de joueurs Français n’est jamais régulière : il y a des saisons où il peut y en avoir plusieurs, tandis qu’il y en a d’autres où un ou deux seulement sont draftés, voire aucun comme en 2015, mais d’autre part, car d’autres joueurs arrivent à intégrer le championnat américain par d’autres moyens.

« Cette année, un seul Français a été drafté (Sekou Doumbouya à Détroit), mais 3 autres ont réussi à trouver une équipe pour la saison prochaine sans passer par la draft, explique Clément Bennerotte, journaliste chez Parlons Basket. Il y a Jaylen Hoard qui va jouer à Portland, qui aurait d’ailleurs pu être drafté car il a fait ses classes aux Etats-Unis, il a joué en NCAA et il a fait partie de l’équipe universitaire américaine. Il y a Vincent Poirier, qui va intégrer les Boston Celtics, et Adam Mokoka à Chicago ».

Alors même si la draft est préférable pour évoluer en NBA, d’autres facteurs rentrent ensuite en compte pour qu’un joueur puisse faire ses preuves, jusqu’à faire partie de l’élite et participer au All-Star Game. En dehors du talent, c’est surtout une question de chance, estime le journaliste. « Tony Parker a été drafté extrêmement bas en 2001, personne ne s’attendait à ce qu’il explose comme ça. Il a eu la chance de tomber sur un coach qui lui a laissé sa chance tout de suite, précise-t-il. Je pense que c’est surtout comme ça que les Français peuvent réussir, c’est quand on leur laisse leur chance, et qu’ils réussissent à la saisir et à exploser ».

Rudy Gobert, meilleur défenseur

Le 24 juin dernier avait lieu la cérémonie des NBA Awards 2019 qui récompense les meilleurs joueurs de la saison régulière dans leur catégorie. L’international français Rudy Gobert a été élu meilleur défenseur pour la deuxième année consécutive. Une belle performance qui laisse présager un avenir solide pour le pivot des Utah Jazz, même s’il n’avait pas été retenu lors du All-Star Game 2019, qui s’est déroulé en février à Charlotte. « C’est déjà un peu un scandale s’il n’a pas participé, regrette Clément Bennerotte, mais il faut dire que la concurrence est extrêmement rude. Même en étant élu meilleur défenseur de l’année ça ne suffit pas forcément, mais s’il continue, il n’y a pas de raison qu’il n’y arrive pas, il a toutes les chances de son côté.« 

Il a toutes les chances certes, mais il est vrai que la défense est un peu moins privilégiée que l’attaque au All-Star Game. « Le jeu a évolué ces dernières années, explique le journaliste. Aujourd’hui c’est énormément porté sur l’attaque, et encore plus au All-Star Game, car la mentalité a évolué. Dans les années 90, la défense était plus importante et les joueurs étaient vraiment rivaux, ils se donnaient même au All-Star Game qui est finalement un match d’exhibition, alors que là les joueurs sont surtout potes entre eux et c’est principalement une réunion de scoreurs, et les défenseurs sont un peu mis à l’écart. » Pour Rudy Gobert aussi : « C’est vrai qu’ils récompensent beaucoup plus les joueurs qui marquent plus de points et qui n’aident pas forcément autant leur équipe », nous confie-t-il lors d’une interview.

Alors le basketteur français participera-t-il au prochain All-Star Game prévu le 16 février 2020 à Chicago ? Conjurera-t-il le mauvais sort des Français qui n’y participent plus ? Seul l’avenir le dira. « On verra, c’est encore loin, a-t-il ajouté. Je vais continuer à faire ce que je fais avec mon équipe et puis si je suis au All-Star c’est bien, si ne je suis pas All-Star j’espère gagner un titre. Le plus important c’est gagner le titre avec mon équipe ». Affaire à suivre… N-B.

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