Alors que la nouvelle saison de NFL vient tout juste de reprendre et remet le football américain sous les projecteurs, une autre discipline dérivée attire elle aussi l’attention : le flag football. Son intégration au programme des Jeux Olympiques de 2028 à Los Angeles marque un tournant majeur et confirme une orientation résolument « made in USA ». En France, même s’il reste encore confidentiel, ce sport sans contact connaît un essor prometteur, jusqu’à nourrir de réelles ambitions olympiques. Thomas Perillat, responsable du haut niveau du flag football à la Fédération Française de Football Américain (FFFA) et des équipes de France, nous a accordé un entretien pour éclairer les enjeux de ce sport qui fera ses débuts olympiques dans trois ans. Pouvez-vous nous expliquer concrètement ce qu’est le flag football et quelles sont ses principales différences avec le football américain ? Thomas Perillat : La plus grande différence, c’est bien sûr l’absence de contact. Ensuite, il y a la taille du terrain : on joue sur un quart de terrain de football américain, soit environ 70 yards de long (64 mètres) et 25 yards de large (22 mètres). En gros, vous divisez un terrain de football en quatre. Les équipes sont composées de 5 joueurs, donc on joue en 5 contre 5. Il y a beaucoup de mouvement et de technique, avec des similitudes avec le football américain, mais suffisamment de différences pour que ce soit un jeu à part entière. Comment arrête-t-on un joueur si les contacts sont interdits ? T.P. : Il existe deux façons de stopper la progression. La première, c’est de jouer directement sur le ballon, en interceptant la passe. La seconde, une fois qu’un receveur a attrapé la balle, consiste à le « déflaguer » : chaque joueur porte deux drapeaux fixés à sa ceinture, et il suffit d’en enlever un pour arrêter l’action. Le jeu reprend alors à l’endroit où le flag a été retiré. C’est un peu comparable à l’épervier qu’on jouait à l’école, sauf qu’au lieu de toucher son adversaire avec la main, on doit lui retirer un drapeau. Quelle est la popularité du flag football par rapport au football américain ? T.P. : C’est évident que le flag football ne peut pas rivaliser en popularité avec le football américain, qui bénéficie de la puissance médiatique de la NFL. Même en France, il y a davantage de clubs et de visibilité pour le football américain que pour le flag. Mais petit à petit les choses évoluent : le flag attire de plus en plus, notamment parce que c’est un sport sans contact, mixte, donc accessible à tous. Il est aussi facilement intégré dans les établissements scolaires, ce qui augmente sa visibilité. Avec l’arrivée des Jeux Olympiques de Los Angeles 2028, la NFL investit pour promouvoir le flag football, et de notre côté, nous allons également gagner en visibilité. Depuis combien de temps le flag football existe-t-il au sein de la FFFA ? T.P. : Cela fait déjà longtemps. La fédération regroupe trois disciplines : le football américain, le flag football et le cheerleading. Pour le flag football en particulier, il existe depuis au moins une vingtaine d’années en France. Comment vont se dérouler les phases de qualification pour les Jeux Olympiques ? T.P. : Pour l’instant, nous n’avons pas encore tous les détails, mais nous supposons qu’il faudra être la meilleure nation de son championnat continental. En Europe, cela signifie viser la première ou la deuxième place, puis affronter les meilleures équipes d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud pour décrocher la qualification olympique. Quelles sont actuellement les nations les plus redoutables en Europe ? T.P. : Aujourd’hui, les grosses nations sont l’Allemagne et l’Autriche. La Suisse monte également en puissance depuis peu. Patrick Mahomes, l’un des plus grands quarterbacks de la NFL, a exprimé son envie de participer aux JO 2028. En France, envisagez-vous de faire appel à des joueurs issus du football américain comme Lucas Niang, champion du Super Bowl, ou Anthony Mahoungo, ancien joueur des Eagles de Philadelphie ? T.P. : Nous serions ravis d’accueillir des talents comme eux s’ils souhaitaient nous rejoindre. Cela motiverait aussi nos joueurs de football américain, qui ont des qualités physiques exceptionnelles, à s’intéresser au flag football. Mais il y a malgré tout une phase de transition et d’apprentissage du jeu à respecter. Concrètement, comment va s’organiser la sélection des joueurs en équipe de France à l’approche des Jeux Olympiques ? T.P. : C’est une très bonne question, parce que justement, nous sommes en train de revoir notre méthode de sélection. Jusqu’ici, nous organisions des stages de détection, en parallèle du championnat national qui se déroule en première partie d’année, à l’automne, et qui n’est pas mixte. Les sélectionneurs de l’équipe de France en profitaient alors pour repérer les jeunes talents, mais aussi celles et ceux qui n’avaient pas pu être identifiés lors de ces compétitions. Nous organisions également des stages supplémentaires afin de donner leur chance à d’autres athlètes susceptibles de rejoindre l’équipe de France. Depuis quelques années, et encore plus depuis l’annonce de l’intégration du flag football aux Jeux Olympiques, l’intérêt pour la discipline a clairement grandi. Nous envisageons donc désormais une phase de présélection plus structurée, qui passerait par une journée de tests physiques organisés dans différents lieux en France. Les joueurs et joueuses souhaitant intégrer les équipes de France devraient d’abord valider leurs performances auprès de pôles de testing avant de pouvoir participer aux détections. Concrètement, il s’agira d’épreuves comparables au NFL Combine (NdA : un camp d’entraînement et de tests intensifs qui permet aux joueurs universitaires d’être sélectionnés ou non lors de la draft NFL), afin de s’assurer que les athlètes répondent aux critères physiques requis avant d’intégrer le processus de sélection. La France a-t-elle une réelle chance de médaille olympique ? T.P. : Mon rôle et ma responsabilité, c’est d’abord de qualifier les équipes françaises pour les Jeux Olympiques. Ensuite, en ce qui concerne les médailles, il faut reconnaître que les Américains dominent largement, un