Véritable chef-d’œuvre français du 7ème art, un classique même du cinéma français, criant de vérité sur le traitement des banlieues à son époque et aussi impactant d’actualité : La Haine revient dans les salles, mais cette fois-ci sur scène, sous forme de comédie musicale. Des chorégraphies scénarisées par B-boy Yamson, ancien champion du monde de breaking en 2001 avec les Wanted Posse et ancien chorégraphe de la chanteuse Madonna.
Jusqu’ici rien n’a changé… ou presque
C’est Matthieu Kassovitz lui-même qui est à l’initiative de ce projet. Réalisateur du film culte La Haine, sorti au cinéma en 1995, il réinvente, près de 30 ans après son œuvre sous la forme d’une comédie musicale. Cette fois, l’histoire prend vie sur scène, portée par des acteurs et des danseurs issus de la culture Hip-Hop, offrant une interprétation moderne de son message intemporel.
Cette adaptation, fidèle à l’esprit du film, cherche à casser les codes du théâtre en proposant au public une expérience à la fois novatrice et dynamique, où la danse joue un rôle central et essentiel sur scène. Et pour cause : après des mois de casting, débutés en janvier 2024, des danseurs de toute l’hexagone et de tous les styles, ont été sélectionnées pour intégrer la troupe artistique, dont on retrouve certains grands noms du milieu, comme le prodigieux B-boy Tim, de Vagabond Crew (double champion du monde en crew 2011-2012).
Le rap est également très présent sur scène avec des textes qui frappent, qui percutent et qui dénoncent, avec au casting une playlist incluant des rappeurs de toute génération comme Akhenaton, Médine, Youssoupha, ou encore Doria. Un réel spectacle représentatif de la culture Hip-Hop, qui offre une expérience à la fois similaire et différente du film de Kassovitz, tout en apportant une vision moderne des banlieues.
Un phénomène artistique et de société
L’adaptation du film en comédie musicale apporte une expérience complètement inédite, dont l’histoire se déroule non pas en face d’une caméra, mais devant le spectateur, qui ressent l’énergie et le dynamisme des acteurs présents sur scène. Car le spectacle événement est aussi un phénomène de société. Comme le souligne le titre “Jusqu’ici rien n’a changé”, les tensions sociales et raciales d’hier demeurent tristement actuelles. En ce sens, l’adaptation intègre des éléments contemporains, tels que les smartphones et des événements récents, afin de refléter avec justesse les problématiques des banlieues françaises aujourd’hui.



L’ensemble est sublimé par une scénographie dynamique, mêlant un plateau tournant en avant-plan et des images animées projetées sur un écran géant en arrière-plan, interagissant harmonieusement avec les mouvements du plateau. Cette mise en scène immersive, renforcée par des visuels d’une qualité exceptionnelle, brouille habilement la frontière entre les décors réels et ceux en 3D, plongeant les spectateurs au cœur de l’action.
Depuis sa première représentation à La Seine Musicale de Paris en octobre, le spectacle rencontre un succès retentissant. Initialement prévu pour une durée limitée, il a été prolongé jusqu’au 5 janvier prochain pour répondre à l’engouement des spectateurs. Après cette date, la troupe partira en tournée dans plusieurs grandes villes de France, permettant à un public encore plus large de découvrir cette expérience unique (découvrez toutes les dates ici).
Cette adaptation n’est pas seulement une réinterprétation du film, mais aussi un hommage vivant à l’œuvre originale. Elle offre une expérience enrichissante à ceux qui la découvrent, tout en ravivant la nostalgie de ceux qui ont vu le film dans les salles obscures il y a près de 30 ans.
En définitive, ce projet audacieux et novateur démontre que, même après trois décennies, La Haine reste plus que jamais d’actualité. À travers cette adaptation, Matthieu Kassovitz et sa troupe parviennent à renouveler le regard sur les problématiques sociales et raciales, tout en célébrant la culture Hip-Hop et l’énergie de la scène. Un rendez-vous à ne surtout pas manquer, donc ! – Christopher Armstrong.