Jonathan Anderson inaugure la nouvelle ère Dior Homme

Le 27 juin 2025, Jonathan Anderson présentait son premier défilé Dior Homme (printemps‑été 2026), succédant à Kim Jones. Un vestiaire raffiné, plus classique, qui tranche avec l’esthétique urbaine et audacieuse de son prédécesseur.

Une première collection entre retenue et références historiques

C’est dans l’écrin austère d’un musée imaginaire, aux murs gris et aux vitrines figées, que Jonathan Anderson a dévoilé sa toute première collection Dior Homme, ouvrant la Fashion Week masculine de Paris. Exit la théâtralité des shows signés Kim Jones. Place à une proposition plus contenue, presque silencieuse, où les pièces défilent comme des objets de collection.

Le vestiaire est construit avec rigueur : tailleurs au tombé impeccable, shorts de costume associés à des bottes hautes, chemises fermées jusqu’au cou, vestes Bar revisitées dans un tailoring quasi féminin. Anderson puise dans l’ADN Dior, mais le filtre avec sa propre sensibilité, nourrie de références historiques, littéraires et décoratives.

La maison Dior évoque alors dans un communiqué « le plaisir de s’habiller » à travers « des vêtements qui traversent le temps », dans un décor inspiré du musée de la Gemäldegalerie de Berlin, accueillant deux tableaux de Chardin. Ce musée fictif devient ainsi un symbole : celui d’un dialogue entre archives Dior et narration contemporaine. Une manière pour Jonathan Anderson d’exprimer son intention : réinterpréter sans effacer.

Les queues-de-pie modernisées, les capes longues ou les gilets d’inspiration XVIIIe siècle participent de cette théâtralité discrète. Les détails, eux, sont soignés : charms Diorette inspirés du rocaille, sacs brodés de titres littéraires comme Bonjour Tristesse, denim virevoltant autour des jambes ou mules portées façon dandy d’intérieur. Un monde très pensé, presque codifié. Mais à force de raffinement, quelque chose semble manquer : l’élan, la tension, l’envie de surprendre.

 

Le vestiaire Dior change de génération

En succédant à Kim Jones, Jonathan Anderson hérite d’un poste stratégique dans l’industrie, mais aussi d’une empreinte forte. En six ans, Kim avait redéfini l’homme Dior en fusionnant sophistication couture et langage urbain. Il avait osé les couleurs vibrantes, les coupes affûtées, les collaborations avec Travis Scott ou Daniel Arsham, donnant au vestiaire masculin un statut d’objet culturel.

Chez Anderson, ce dialogue avec la culture contemporaine semble mis en pause. Sa collection, si elle est élégante et cohérente, s’adresse à un public différent, moins connecté à l’effervescence street. L’énergie urbaine disparaît au profit d’un romantisme discret, d’un classicisme réinterprété. On sent une volonté de s’éloigner du spectaculaire, mais au risque de perdre en impact.

Même les accessoires– autrefois portés comme des signes forts d’une virilité assumée – sont ici plus discrets, plus fondus dans le vestiaire que véritablement mis en avant. Pas de slogan, pas de clin d’œil pop, pas de clash stylistique. Un vestiaire pensé comme un récit personnel, mais qui peine à résonner collectivement.

 

Anderson installe une esthétique, mais pas encore une vision

Ce premier show acte une rupture nette avec l’ère Kim Jones. Jonathan Anderson impose un style plus réfléchi, presque introspectif, mais qui, pour l’instant, laisse sur sa faim. Moins de prises de risques, moins de contemporanéité, moins de lien avec les codes urbains qui font battre le cœur de la mode actuelle.

Le tailoring, bien que plus fluide et légèrement féminisé, ne semble pas destiné à bousculer les lignes. L’esthétique, si elle est pensée avec finesse, manque de cette tension qui faisait de Dior Homme un laboratoire d’influences, de formes et de récits contemporains.

En somme, Jonathan Anderson pose les fondations d’un univers sophistiqué, cultivé, mais encore en attente de vibration. Il faudra probablement plus d’une saison pour qu’il trouve l’équilibre entre patrimoine et époque, entre geste artistique et influence culturelle. – C.N.

Dior Homme Printemps-Été 2026

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